Témoignage d'Étienne, de l'ENS Ulm

Présentez-vous en quelques mots

Je m’appelle Etienne, et j’ai fait le lycée Henri Poincaré à Nancy. J'étais bon élève, mais pas particulièrement travailleur. Vers la terminale, je me suis rendu compte qu'en travaillant, ne serait-ce qu'un petit peu mais régulièrement, les matières qui m'intéressaient (physique-chimie et maths), on pouvait mieux réussir, mieux comprendre, mais surtout trouver de l'intérêt dans ces matières. J'ai alors voulu voir si j'étais capable de pousser l'idée à son maximum en faisant une prépa PCSI/PC*, dans le même lycée.

Je n'avais pas vraiment de vision à long terme, je ne savais même pas si j'allais bien réussir, je voulais juste essayer avec bonne volonté. Il s'est avéré que le cadre de la prépa, très intense mais bien structuré, correspondait bien à ce qu'il me fallait. À la sortie, j'ai intégré l'ENS Ulm en chimie pour continuer d'approfondir ce qui me plaisait le plus, la chimie et la physique, aller « dans le dur », aller plus loin dans la science.

Comment se sont passées vos deux années de classes préparatoires ?

En entrant en prépa, je n'avais pas d'objectif particulier, si ce n'est de donner ce que je pouvais. J'étais le premier surpris de bien m'en sortir, le stress n'est donc pas trop venu des notes, ce qui est déjà pas mal. Je pense que j'avais la chance d'avoir de bonnes bases dans les matières scientifiques et j'ai vite compris comment travailler efficacement. C'est seulement au fur et à mesure, quand j'ai pris conscience de ce que je pouvais faire, que la pression est montée. La difficulté, en ce qui me concerne, a surtout été de maintenir le rythme. Le doute, le stress, la pression, n'étaient donc pas localisés sur tel ou tel événement, mais diffus, constant, tout au long de la prépa.

Mais à la fin, c'était peut-être ça l'enseignement le plus important, si on arrive à passer les premières difficultés : être assez régulier pour ne pas subir en permanence la prochaine échéance (DM, colle...), mais gérer l'effort sur le long terme.

Quelle(s) matière(s) vous ont posé le plus de problème en prépa ?

J'ai eu la chance de vite comprendre comment travailler les maths, la physique et la chimie. Je n'ai donc pas eu de vraiment grosses difficultés dans les matières principales. Je m'estime très chanceux : j'ai vu certains camarades ne jamais en arriver à ce point là, car ils étaient mal partis dès le début. Dans ces matières, il est très difficile de construire si on n'a pas les bases, en particulier en maths. C'est souvent dommage car de bonnes bases de lycée représentent une lacune dérisoire à l'échelle du programme de prépa.

Comment s'est passé votre début de première année de classe préparatoire ?

Plutôt bien, je pense, par rapport à la moyenne. Surtout, je pense avoir vite intégré le fait qu'il fallait travailler très régulièrement pour ne pas subir en permanence. Être suffisamment en avance dans son planning de la semaine pour pouvoir, si une difficulté se présente, y consacrer du temps et ne jamais prendre de retard. Mais cela implique d'être parfaitement à jour dans toutes les matières dès le premier jour de prépa, voir d'avoir pris de l'avance pour absorber le choc des premières semaines.

Quels conseils donneriez-vous à des élèves de terminale souhaitant se préparer à l'entrée en classes préparatoires ?

En prépa, le rythme est trop soutenu pour partir avec du retard. Tout du moins, il faut impérativement le combler rapidement. Donc si on veut avoir le temps de s'adapter les premières semaines, il faut être parfaitement à jour dans toutes les matières principales. Prendre un peu d'avance est également bénéfique, non pas que ce soit obligatoire pour bien performer, mais cela permet d'éviter de se faire secouer dès le début.

Je pense aussi qu'il faut être prêt en terme de méthode de travail. Beaucoup de gens peuvent passer le lycée haut la main en se « contentant » d'apprendre par cœur, sans vraiment connecter les notions entre elles. Cette technique montre très rapidement ses limites en prépa. Il faut être capable d'adapter ses connaissances en fonction des exercices, en fonction des problèmes posés, et beaucoup de gens ne se sont pas vraiment rendu compte de cela avant le bac.

Si vous repartiez en prépa, que changeriez-vous sur votre façon de travailler ?

En ce qui me concerne, je me suis plutôt vite adapté. Il s'agit vraiment de ne jamais prendre de retard, pour pouvoir absorber les imprévus. Si je devais recommencer, je prendrais un maximum d'avance dans une matière comme la chimie ou les maths, pour dégager plus de temps dans les autres.

Vos parents vous ont-ils aidé pendant vos années de classe prépa ? Si oui, comment? Quel est le "rôle" d'un parent en classe prépa ?

Bien sûr ! C'est quelque part injuste, mais on ne peut pas être au maximum sans un bon environnement. Quand chaque minute, même de détente, est comptée, le support des parents est fondamental. L'aide peut être scolaire, même si ce n'était pas trop mon cas, mais aussi (surtout) logistique, pour permettre de passer zéro minutes à faire les courses, zéro minutes à cuisiner, etc. Les parents ne peuvent pas apprendre les maths pour leurs enfants, mais il est clair qu'en étant attentifs à mes besoins, mes parents ont énormément contribué à ma réussite.

Recommanderiez-vous aux terminales de suivre une classe prépa ?

Oui tout à fait. C'est très formateur, très riche en enseignement, et très gratifiant d'évoluer dans un environnement aussi intense. L'information à apprendre est très bien structurée et on progresse comme jamais on ne l'a pu avant et comme jamais on ne le pourra après. Je pense que l'expérience qu'on peut en tirer est unique. Aujourd'hui encore, je me rappelle mieux de n'importe quel cours de prépa que de ce que j'ai appris la semaine dernière.

Cela étant dit, la prépa n'est pas forcément adaptée pour tout le monde. Certains ont besoin de ce cadre très structuré, certains pas du tout. Pour moi, ne pas aimer la prépa n'est vraiment pas un échec si cela vient simplement d'un besoin différent. Par contre, il serait dommage que cela vienne d'un problème technique, comme la méthode de travail ou les fondamentaux mal intégrés en amont.

Quel a été votre parcours après la prépa ?

J'ai intégré l'ENS Ulm en chimie, avec toujours quelques cours en physique. J'ai ensuite passé un an et demi dans des laboratoires de recherche à l'étranger (Angleterre, Allemagne États-Unis), pour ensuite faire un doctorat en physique moléculaire. Mon parcours est très axé sur la recherche académique, car j'avais envie de pousser la science au maximum. D'autres préféreront faire autrement, et c'est tout aussi sensé. Le seul but, c'est de faire ce qu'on veut et de s'en donner les moyens. 

Avez-vous quelque chose à ajouter ? Parlez-nous de choses qui vous tiennent à coeur ! Une anecdote ...

Le premier cours du premier jour en prépa... J'arrive bien sûr en retard, et j'avais à l'époque une tête d'original, plus précisément des dreadlocks. Autant dire que tout le monde a cru que je ne tiendrai pas une semaine. Des gens, qui sont plus tard devenu mes amis, m'ont même après coup avoué avoir parié le jour là sur mon abandon. Inutile de dire que quand j'ai majoré le premier DS de physique, ils ont légèrement revu leur jugement.

Plus sérieusement, je retiendrai surtout une super ambiance de travail et beaucoup de solidarité entre les plus à l'aise et les plus en retard. C'est un peu tout le monde dans le même bateau, et quand on aide les autres, on s'aide soi-même. Je m'attendais à de la compétition malsaine, et c'est tout l'inverse que j'ai trouvé.

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