Je m’appelle Titouan, je suis né et j'ai passé toute mon enfance en bord de mer. Mon lycée était celui du secteur, plutôt moyen au niveau national et je n'y ai pas rencontré de grandes difficultés. Je savais qu'il n'était pas possible de rester près de chez moi par la suite, car il n'y aurait pas d'établissement adéquat.
Mes deux parents étant déjà passés par là, ils m'ont rapidement conté les bénéfices que la prépa leur a apporté dans leur vie professionnelle et personnelle. Ainsi, mon cursus scolaire était déjà clair dans ma tête depuis quelques années avant le bac. Je ne savais pas encore totalement ce que je voulais faire plus tard, mais mon profil scientifique m’a poussé vers la MPSI, au lycée Clémenceau à Nantes (pour ne pas trop m’éloigner de la mer, contrairement aux lycées parisiens). Je suis passé ensuite en PSI, avant d’intégrer Télécom Paris.
L’arrivée en classe prépa a été très rude. En effet, habitué à faire rapidement, voir expédier mes devoirs de lycée en quelques minutes pour m’en débarrasser, à l’arrivée en prépa ce n’était plus envisageable… Malgré ma préparation mentale (j’avais entendu parler de cet écart entre lycée et prépa), j’ai quand même dû faire face au choc. J’ai passé les premières semaines à essayer différentes méthodes d’apprentissage, et de mode de vie en général, non sans de nombreuses périodes de doutes. En effet, passer de l’habitude à aider les autres au lycée, à l’habitude d’être à la ramasse et de se faire aider pour se relever, ce n’est pas si simple.
Après les premières semaines de cours, la routine arrive et c’est alors à elle qu’il faut faire face : savoir déconnecter du travail à certains moments, pour ne plus y penser et se divertir pour pouvoir être plus performant au moment de retravailler. Ayant plusieurs fois fait l’erreur de sauter ces périodes de “déconnexion”, je vous le promet, le résultat n'était pas joli à voir : fatigue, perte d’efficacité, remise en question, mal être.
Je m’attendais à avoir des difficultés en Physique, mais étonnamment, bien que les cours étaient très différents du lycée, cela ne m’a pas posé plus de problèmes que cela, ayant eu le “déclic”, pour comprendre comment travailler et réussir dans cette matière, assez rapidement. Néanmoins, les Maths de prépa, totalement différentes de celles vues au lycée, ont été très difficiles pour moi. Les premiers jours, cela allait encore, étant habitué à faire du calcul mental de tête, cela m'a permis d’encaisser la disparition de la calculatrice, et ayant une bonne logique, cela m'a permis d’encaisser les premières difficultés. Mais assez rapidement, et ce jusqu’à la fin de ma période prépa, les Maths m’ont posé problème. La raison vient peut-être du fait que je n'ai pas été assez préparé au lycée à affronter des maths très théoriques et abstraites, et n’appréciant pas celles-ci, je n’ai pu faire face.
Mes difficultés en français et en anglais n’étaient pas très handicapantes durant cette période, avec le peu d’horaires consacrés à ces matières, mais venu le temps des concours, je l’ai vite regretté ! Ne négligez pas ces matières littéraires, très coefficientées...
Je sais que les derniers mois avant l’entrée en prépa sont les derniers moments où l'on peut “profiter d’avoir du temps, et d’être libre”, mais ces derniers mois sont également et sûrement les plus importants pour essayer de combler l’énorme gap qu’il y a entre lycée et prépa.
Pour être le plus performant en prépa, où l'on n'a pas le temps d'approfondir, ni de travailler sur tout ce que l'on souhaiterait pour réussir au mieux les concours, il faut commencer à travailler le plus tôt possible. Il faut parfaire les bases dans toutes les matières et notamment en Maths, en s'entraînant au calcul mental, à résoudre des équations, à bien connaître les formules vues au lycée, et éventuellement commencer à découvrir les chapitres de prépa pour ne pas être pris au dépourvu au moment de les voir en cours.
Le rôle des parents en classe prépa est très important, pour que l'élève réussisse au mieux ses années prépa, les parents doivent être leur soutien "arrière". Pour ma part ils m'ont été d'une grande aide et je les en remercie beaucoup. En effet, quand j'ai pu avoir l'impression que le monde s'écroulait, que je n'y arriverait pas, que je voulais retrouver une vie sociale comme avant, ils ont été là pour me remettre sur la bonne voie, pour me remotiver, en me permettant de faire autres chose que de travailler quand j'étais avec eux, pour me divertir.
Ils sont également de bons conseils et un bon support "logistique". En effet, extérieur au monde de la prépa, ils peuvent nous aiguiller et nous faciliter la vie au quotidien : en résolvant les problèmes auxquels l'on peut faire face (un médecin à aller voir, un appartement à louer, des tâches administratives à faire), etc…
En résumé : rien ne remplacera des parents, et plus que jamais j'ai eu besoin d'eux, dans les bons moments comme dans les plus difficiles.
La prépa, bien que ce soit des années très difficiles, est en quelque sorte l'école de la vie. Elle nous permet de bien identifier nos limites personnelles, et nous oblige à nous adapter perpétuellement, pour devenir le plus efficace possible, et le plus complet possible. L'efficacité, l'efficacité, l'efficacité, c'est le maître mot de la prépa, utile mais aussi dangereuse, il faut apprendre à l'utiliser à bon escient et à ne pas tomber dans le burn out de l'efficacité. La prépa est un bon moyen de mieux se connaître, et de savoir gérer le stress. Elle permet également d'acquérir une facilité d'apprentissage non négligeable, en étant capable de découvrir, d'assimiler et de réutiliser très rapidement de nouvelles compétences. Et cette dernière faculté vous permettra de faire à peu près tout ce que vous voulez plus tard, et juste pour ça, je suis content d'avoir fait prépa. Notamment parce qu'après avoir galéré quelques années, le jour où vous arrivez en école d'ingénieur, c'est beaucoup plus tranquille, et ça n'a juste plus rien à voir au niveau charge de travail. Et en 3 ans d'école, on peut très largement rattraper les 2-3 ans de prépas sans vie sociale.
Même si elle ne convient pas à tout le monde, elle vous apprendra forcément plein de choses sur les Sciences, et surtout sur vous !
Après 2 ans de classes préparatoires, j'ai intégré Télécom Paris, à l'époque encore dans le 13 ème arrondissement de Paris. Ça a été pour moi, en quelque sorte, une délivrance. Sans le stress de la prépa, et avec tout ce que peut proposer un BDE (Bureau des Élèves qui gère la vie associative d'une école), j'ai pu m'épanouir et profiter encore plus de nouveaux bons moments si rares en prépa. En plus de cela, j'ai pu découvrir Paris et m'investir dans d'autres associations, avoir une vie sociale et sentimentale plus épanouie et pouvoir réaliser mes envies. J'ai notamment rejoint la Protection Civile de Paris 12, pour m'investir en tant que secouriste et sauveteur bénévole, une passion que j'avais découvert avant mon entrée en prépa. En prépa, j'avais fait une liste d'activités que je voulais faire après, et la fin de la prépa à signer le début des cases cochées.
Le gros bénéfice de la prépa, à mon sens, est la capacité d'adaptation et de rapidité d'apprentissage qu'elle nous permet de développer, ainsi que la découverte que rien n'est impossible, et qu'il suffit juste de se lancer, pour faire ce que l'on souhaite vraiment dans sa vie. Et c'est sûrement pour cette raison que j'ai pris une année de césure avant ma dernière année à Télécom Paris, pour assouvir un de mes plus grands rêves : devenir pisteur secouriste.
La prépa, c'est une multitude d'anecdotes, et je ne pourrais pas toutes vous les énumérer ici. Il y a néanmoins quelque chose qui m'a marqué durant mes 2 années de prépa : c'est la proximité que l'on a avec les professeurs, et notamment ceux de Maths et de Physique. En effet, les volumes horaires de ces matières font que nous voyons quasiment plus ces profs que nos propres parents… d'où une certaine proximité, que l'on apprécie ou non ces profs, pour le meilleur ou pour le pire. Leurs répliques quotidiennes deviennent rapidement cultes, et après les cours on en rigole encore.